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Le blog météo de B3S
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1 juillet 2006

Du tritium dans la nature

Jeudi 24 mai, nous apprenions par voie de presse que des analyses menées par l’ACRO, dans le carde d’un rapport d’étude commandé par Greenpeace, indiquaient la présence continue de tritium dans les nappes phréatiques autour du contre de stockage de la Manche, géré par l’Andra, à Digulleville (sources : La Presse de la Manche, rapport d’étude Acro - http://www.acro.eu.org). B3S revient sur ces révélations, et essaie de mettre en perspective les données. Voici les faits : des prélèvements d’eau ont été faits par pompage en bordure du CSM (Centre de Stockage de la Manche) le 23 mais 2006. D’après le rapport d’étude, la teneur en tritium est élevée (teneur non contestée par l’Andra, qui l’estime à 18 000 becquerels pas litre), alors qu’un décret français « recommande » de na pas boire une eau contaminée à plus de 100 Bq/l.

Plus généralement, le tritium est présent naturellement dans l'environnement sous forme d'eau tritiée et participe au cycle normal de l'eau. Aujourd'hui, les installations nucléaires constituent la principale source de tritium associée aux activités humaines. Compte tenu de l'aspect localisé des rejets, on observe autour de ces installations des teneurs en tritium plus élevées que la concentration naturelle (comprise entre 0,1 et 0,9 Bq/l pour les eaux de surface). Les mesures effectuées en France, montrent des teneurs en tritium généralement inférieures à 10 Bq/l dans les eaux souterraines et inférieures à 20 Bq/l pour les fleuves, bien que certaines nappes phréatiques et quelques fleuves présentent localement une concentration de quelques dizaines, voire plus rarement quelques centaines de Bq/l à certaines périodes. Dans l'ensemble, les mesures réalisées en France apparaissent tout à fait cohérentes avec celles disponibles pour les autres cours d'eau européens.

18 000 Bq/l, le chiffre paraît énorme. En ce qui concerne les impacts associés au tritium dans les eaux, en considérant un individu dont tous les apports en eau proviendraient d'une source présentant une concentration de 100 Bq/l, valeur dans l'ensemble cohérente avec les teneurs maximales relevées dans les eaux potables, la dose individuelle annuelle correspondante serait de l'ordre du millième de l'irradiation naturelle. Vous pouvez faire le calcul pour la comparaison. La norme du dit décret est donc en fait draconienne, avec une teneur maximale très inférieure à ce que l’on peu absorber en pratique, sans risque. Précisons que nous parlons ici d’ingestion, et non pas de radiation.

Selon les rapports de l’Andra, « cette contamination proviendrait en majorité d’un accident datant de 1976, date correspondant à l’inondation d’une alvéole de stockage dans laquelle se trouvait du tritium » (La Presse de la Manche, 24 mai 2006). Mais ce qui intrigue les deux associations, c’est que la teneur en tritium n’ait pas baissée partout dans la nappe depuis 30 ans, alors que cet isotope perd normalement la moitié de son activité en 12 ans. Pire, il semblerait que la teneur ait augmenté par endroit. Selon l’Andra, l’impact sanitaire est très faible. Effectivement, nous l’avons expliqué dans le paragraphe suivant. Peu de risques donc de tomber malade. Mais au delà de la présence de tritium, ces analyses mettent le doigt sur un problème de taille : le confinement des déchets nucléaires. Concrètement, cette fuite signifie que les déchets ne sont pas confinés correctement. Autre problème : la notion de réversibilité. Etant donnée le caractère complexe de ce type de pollution, beaucoup préconisent de ne rien toucher sous peine d’aggraver les risques.

Entreprendre la création d’un centre de stockage demande que l’on soit convaincu que c’est la bonne solution. Aussi longtemps que l’on peut reprendre les colis pour en disposer autrement, le stockage est considéré comme réversible. Ce n’est qu’au moment de le sceller définitivement qu’il faut être certain de sa confiance dans la démonstration de sûreté et être convaincu qu’il n’y a pas de meilleur procédé pour disposer des déchets. La loi Bataille (loi du 30 décembre 1991) a envisagé que le stockage pouvait être réversible ou irréversible. Le Gouvernement a insisté en 1998 pour que les recherches mettent l’accent sur la réversibilité. Sur ce point, les recherches portent principalement sur les modalités et la durée de cette réversibilité. En gros, on sait pas trop où on va.

Si l’Europe, et particulièrement la France, ont fait bonne figure aux différentes conférences sur l’environnement ces dernières années, en raison de leurs faibles taux d’émissions de dioxyde de carbone, elles le doivent à leur production d’électricité d’origine nucléaire. Mais cette énergie « propre » pose de nombreux problèmes : en témoignent par exemple la gestion des déchets nucléaires, ou encore les difficultés techniques rencontrées par le gouvernement français pour démanteler le réacteur Superphénix. Par ailleurs, le lobby de l’électronucléaire, particulièrement puissant, ne peut encore faire état d’aucune solution satisfaisante pour l’élimination des déchets. Dans l’opacité et en dehors de tout débat démocratique, il engage ainsi les populations concernées tout comme les générations futures.

Andra : Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs. Établissement public à caractère industriel et commercial chargé de la gestion et du stockage des déchets radioactifs.

Areva : Le groupe AREVA a été créé le 3 septembre 2001. Issu de la fusion des activités de CEA-Industrie, de Framatome-ANP et de COGEMA, il est aujourd'hui un des premiers acteurs mondiaux dans le secteur nucléaire, des nouvelles technologies et de la connectique.

Acro : Association pour le Contrôle de la Radioactivité de l’Ouest. Il s’agit d’un laboratoire indépendant d'analyse de la radioactivité, et un centre d'information et de documentation. L'ACRO a été créée à la suite de la catastrophe de Tchernobyl pour permettre au citoyen de s'approprier la surveillance de son environnement.

 

Déchets radioactifs : matières radioactives inutilisables provenant de centres médicaux, de laboratoires ou de l'industrie nucléaire. Les déchets radioactifs sont classés selon deux caractéristiques : le niveau d'activité et la durée de demie-vie. Le niveau d'activité donne une indication sur le niveau de l'intensité du rayonnement radioactif à un moment donné et donc sur leur "dangerosité" potentielle. Quatre niveaux sont définis : très faible activité, faible activité, moyenne activité et haute activité. La durée de demie-vie permet de déduire la durée de dangerosité potentielle du déchet. En effet, la radioactivité diminue régulièrement dans le temps. Cette décroissance se fait rapidement pour les déchets à vie courte ou de façon beaucoup plus lente pour les déchets de longue durée de vie. Trois niveaux sont utilisés : vie très courte pour les déchets dont la radioactivité est divisée par deux en cent jours ou moins,  vie courte pour ceux dont la radioactivité est divisée par deux en moins de trente ans et vie longue pour ceux dont la radioactivité est divisée par deux en trente ans et plus.

 

Confinement : dispositif de protection qui consiste à contenir les produits radioactifs à l'intérieur d'un périmètre déterminé fermé

 

Tritium : isotope de l'hydrogène, émettant des rayonnements bêta, présent dans les effluents des réacteurs à eau. Symbole : H3.

 

Bêta : les particules composant le rayonnement bêta sont des électrons de charge négative ou positive. Un écran de quelques mètres d'air ou une simple feuille d'aluminium suffisent à les arrêter (symbole β).

Becquerel : unité légale de mesure internationale utilisée en radioactivité (symbole : Bq). Le becquerel mesure l'activité d'une source radioactive, c'est à dire le nombre de transformations ou désintégrations d'atomes qui s'y produisent en une seconde ; cette transformation s'accompagnant de l'émission d'un rayonnement. Par exemple, un corps dont l'activité est de 12000 becquerels signifie que 12000 atomes s'y désintègrent à chaque seconde. Cette unité est très souvent utilisée avec des multiples : le MBq (million de becquerels), le GBq (milliard de becquerels), le TBq (mille milliards de becquerels). Quelques exemples de radioactivité naturelle : un litre de lait : 60 Bq, un litre d'eau de mer : de 10 à 15 Bq, le sol granitique : 8000 Bq/kg, un enfant de 5 ans : 600 Bq, un homme de 70 kg : 10000 Bq.

Contamination : dépôt en surface de poussières ou de liquides radioactifs. La contamination pour l'homme peut être externe (sur la peau) ou interne (par ingestion ou inspiration).

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